Être peintre en décor, était-ce une vocation de toujours ?
Oui, depuis que je suis petite, les murs sont mes pages blanches préférées. À 8 ans, je proposais déjà à mes parents des décors à peindre dans leur chambre en guise de tête de lit.
Pouvoir exprimer ma créativité a toujours guidé mes choix, mais j’ai mis du temps à trouver le bon métier.
Je me suis par exemple engagée dans une formation de graphiste, mais les ordinateurs et moi ça fait deux… Je rendais tous mes travaux dessinés à main levée alors qu’il fallait le faire sur ordinateur. Ce n’était pas la bonne voie pour moi !
Quelle formation avez-vous choisie ?
En dernier lieu, j’ai fait la formation de réhabilitation du patrimoine architectural à l’École d’Avignon. Grâce à ce cursus, j’ai acquis de solides connaissances techniques, artistiques et architecturales. Aujourd’hui je peux peindre partout, avec une grande palette de techniques, y compris dans des bâtiments classés au patrimoine historique.
Quels ont été les moments forts de votre parcours ?
Il y a 10 ans, lors d’un séjour en Thaïlande, la propriétaire d’un restaurant sur la plage de Ko Phi Phi m’a donné carte blanche pour peindre sur la façade de son restaurant. Cela a été une révélation.
J’ai compris que faire des fresques serait le cœur de mon métier.
Un autre moment fort qui me vient à l’esprit ; c’était en novembre 2019, lorsque j’ai reçu le trophée Femmes de l’artisanat de la Chambre des métiers et de l’Artisanat du Morbihan, une vraie fierté.
Plus récemment, il y a eu le concours des Meilleurs Artisans de France. D’avoir été sélectionnée pour la finale m’a profondément touchée, je me suis sentie très honorée. C’était l’aboutissement et le couronnement de mon parcours professionnel. Depuis, mon entreprise rayonne à l’échelle nationale et prend de l’ampleur.
Comment votre entreprise Créa Décor est-elle née ?
Après mon diplôme, je suis revenue dans ma région, en Bretagne, même s’il y avait moins d’opportunités dans le domaine du patrimoine. J’ai rencontré beaucoup de condescendance de la part d’entreprises de peinture et de décoration vers lesquelles je m’étais tournée pour proposer mes services de peintre en décor. À ma volonté de collaborer, on m’a souvent répondu que mon savoir-faire n’était pas nécessaire au développement et à la bonne santé de leur activité.
Finalement, c’est mon école qui m’a apporté ma première opportunité de travail, un mois après avoir été diplômée. La mission consistait en la réalisation d’un décor contemporain dans une cage d’escalier du XIVe siècle d’un bâtiment classé. Une condition pour accéder à ce chantier : me mettre à mon compte. J’avais des réserves, l’idée de créer mon entreprise m’impressionnait. L’idée a tranquillement fait son chemin, je me suis dit : « Finalement pourquoi pas ? Si ça ne me plaît pas, je pourrai toujours revenir au salariat ». C’était une super décision. Avec mon caractère, j’aurais eu les plus grandes difficultés à composer avec un patron au-dessus de moi ! Aujourd’hui, mes clients sont précieux et c’est avec eux que j’ai envie de collaborer, dans un véritable rapport de confiance respectueux.
Donc ce premier projet, c’est ce qui m’a permis de me motiver, d’oser créer mon entreprise. Sur ce premier chantier, j’ai pensé : « Ça y est, je me sens à ma place, on me reconnaît pour ma créativité et mon savoir-faire ! ».
Quels sont les défis à relever quand on est entrepreneure ?
Expliquer et faire comprendre en quoi consiste mon métier, ça n’a pas été simple parce qu’il est peu courant de rencontrer des peintres en décor. Sinon, être entrepreneure dans le secteur du bâtiment, oui, c’est aussi particulier, car c’est un milieu plutôt masculin. J’assume qui je suis, ouvertement, sans me cacher sous des airs de garçon manqué et mes confrères me respectent comme la professionnelle que je suis.
Il m’arrive de rencontrer des prospects récalcitrants au premier abord, auprès desquels je m’impose fermement afin de leur faire comprendre que, bien que les travaux en question soient physiques, être une femme ne me rend pas moins capable.
Et puis il y a des défis à relever qui sont propres à l’entrepreneuriat. On a parfois des périodes de stress avec beaucoup de choses à gérer : la trésorerie, le démarchage, les factures, les devis, le site internet… C’est certes fatigant, mais j’ai la liberté d’organiser mon travail comme je le souhaite, en privilégiant notamment la qualité à la quantité.
Évidemment, la période de confinement liée au COVID a été un coup d’arrêt pour mon activité qui prenait son envol, juste après ma participation au concours des Meilleurs Artisans de France . Composer avec le contexte est un challenge.
Quels conseils donneriez-vous à toutes les femmes qui hésitent à créer leur entreprise ?
Ne pas avoir peur ! La peur n’évite pas le danger. Il faut oser, être courageuse, ne pas écouter son entourage et sa famille souvent inquiets… Il faut foncer, avoir de l’aplomb, savoir mettre en avant son travail et sa qualité.
Rapprochez-vous des réseaux de vos secteurs d’activité. J’ai été accompagnée dès le départ par la Chambre des métiers que je remercie grandement. La CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) m’a aussi assistée. À mes yeux c’est plus une grande famille du bâtiment qu’un syndicat. Ils m’ont aidée à résoudre plein de tracas : comment me positionner sur le marché, comment facturer, concevoir ses honoraires, etc.
Grâce à eux, je participe également régulièrement à des formations qui m’aident à développer mon activité. La prochaine est sur le positionnement des entreprises auprès des professionnels sur les réseaux sociaux.
Quelle est votre plus grande fierté ?
D’avoir créé mon propre univers artistique qui fasse rêver et qui soit reconnu.
Quand je peins dans la rue, les passants me remercient, je suis fière de les rendre heureux avec mon art.
Je suis aussi fière d’être à présent considérée comme une artiste auteure auprès de la Maison des Artistes, car je peins sur toile et j’expose aussi ! Etant au départ rattachée à l’artisanat côté bâtiment, je n’aurais jamais pu imaginer accéder à ce statut il y a quelques années seulement ! Maintenant, l’activité de Créa-décor ce sont des fresques de 10 mètres par 10 mètres et… des œuvres d’art sur toiles.
Transmettre votre savoir, c’est important ?
Absolument ! Je donne des cours dans un lycée privé, des cours de décors de spectacle, je fais aussi des décors participatifs.
Mon travail est plaisant, passionnant, sans limites, et j’ai envie de faire rêver les jeunes aussi, de leur transmettre cette légèreté qui m’habite quand je travaille sur des fresques avec ma peinture et mes pinceaux. C’est ma façon de prendre ma revanche sur les personnes qui m’ont dit quand j’étais jeune qu’être artiste n’était pas un métier. C’est une satisfaction très grande de voir les lycéens que je côtoie s’épanouir avec plaisir et enthousiasme grâce à l’art. Ils m’apportent beaucoup, en humilité, en compréhension du monde, j’apprends avec eux.
Vous êtes cliente pro MAAF, qu’attendez-vous de votre assureur ?
Une relation de confiance totale. J’étais insatisfaite chez un autre assureur avant MAAF, et des consœurs et confrères artisans m’ont dit : « Si tu es pro et que tu veux être bien assurée, tu vas à la MAAF ». C’est ce que j’ai fait et je ne regrette pas du tout mon choix. Contrairement à mon précédent assureur, j’ai rapidement compris que mes interlocuteurs connaissaient mon métier, vraiment.
Avant même de signer chez MAAF, j’ai eu deux rendez-vous de deux heures avec un conseiller qui a pris le temps de m’écouter et de répondre précisément à mes questions. Aujourd’hui, j’ai une relation de confiance avec ma conseillère, on se tutoie, on s’appelle régulièrement, elle est toujours disponible pour me répondre dans la journée, c’est une alliée. Je n’en démordrai pas, MAAF est pour moi un gage de qualité.
Être artiste peintre en décor et écologique, c’est possible ?
La protection de l’environnement est un engagement professionnel et personnel !
Je travaille au quotidien avec des produits biosourcés et naturels, pour le bien-être de mes clients, de la bâtisse et le mien !
Un autre geste systématique : je ne bâche pas mes chantiers avec du plastique, mais avec des couvertures que je peux ainsi réutiliser plusieurs fois.
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© Crédit photos : Gérald Lapacherie