Une alimentation équilibrée, c’est bon pour le moral !
Votre alimentation joue un rôle sur votre moral, découvrez les explications dans l'interview de Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l'Institut Pasteur de Lille.
Qu’est-ce qu’une alimentation équilibrée ?
Jean-Marie Lecerf : "Une alimentation équilibrée est avant tout une alimentation variée, dans laquelle aucun aliment n’est a priori exclu. La variété concerne :
- des familles d’aliments (exemple : fruits et légumes, viandes, corps gras, céréales et légumes secs, poisson, produits laitiers),
- les aliments dans ces familles (exemple : poireau, tomate, poivron, potiron, carotte, fenouil…),
- les types par aliment (exemple : pomme golden, granny smith, boscop... ; bœuf, veau, agneau, poulet),
- le cru, le cuit, le mode de cuisson (à l’étouffée, vapeur, eau, mijoté…).
Il faudrait idéalement manger 14 aliments différents par jour. A cette variété on ajoutera le principe de modération, c’est-à-dire quel que soit l’aliment, éviter les excès réguliers et répétés. On y ajoute le plaisir qui est essentiel."
Quel est l’impact d’une alimentation équilibrée sur notre moral ?
J.M.L. : "Manger fait du bien. Une des fonctions de l’acte alimentaire est de réjouir. C’est donc toujours un bien pour le moral que de manger. Parfois on y cherche un réconfort supplémentaire, voire une consolation. Si cela est systématique et inapproprié, cela peut être trop. Toute personne expérimente cet usage apaisant et normal de la nourriture. D’ailleurs le plaisir est là pour nous pousser à manger. Et c’est pour cela que les aliments les plus riches sont les plus plaisants. Si les aliments les plus plaisants étaient les moins riches, les moins nourrissants, l’homme n’aurait pas survécu."
D’où proviennent les carences ?
J.M.L. : "Les vraies carences sont rares, mais les déficits ne le sont pas. Les causes sont multiples. En premier lieu, n’oublions pas un contexte de précarité sociale, de pauvreté qui peuvent être à l’origine de ces déficits, faute d’une alimentation suffisante ou variée. Puis citons les causes psychologiques et médicales qui conduisent à la réduction de l’appétit (dépression, solitude, isolement), les maladies neuropsychiques, démence, anorexie, l’alcoolisme, les maladies graves, ainsi que la chirurgie de l’obésité ou chirurgie bariatrique.
En dehors de cela, il faut citer le danger des régimes amaigrissants et les risques liés aux régimes d’exclusion : régimes végétariens et surtout végétaliens avec un déficit en fer, zinc, iode, calcium, oméga 3 et une carence en vitamine B12."
Quel rôle joue le chocolat dans le moral ?
J.M.L. : "Le chocolat fait partie des aliments de choix pour le moral. Il y a trois raisons à cela :
- La première parce qu’il est riche en sucres et en graisses ce qui est toujours le plus réconfortant.
- La seconde parce qu’il est bon au goût, au palais. Mais il est bon parce qu’il est riche ! Le goût du chocolat sans le chocolat n’a pas cet effet.
- La troisième parce qu’il contient des molécules qui pourraient agir sur le système nerveux : magnésium, anandamide, bases xanthiques, acides aminés… Mais ces molécules seules dans une gélule n’ont pas d’effet !"
Existe-t-il des aliments du bien-être ?
J.M.L. : "Il n’existe pas d’aliments du bien-être mais il existe une alimentation de la bonne santé. Une alimentation variée, faite d’aliments simples, natures, ni appauvris ni raffinés, ni enrichis, au mieux de leur forme ; où rien n’a été éliminé, où la part végétale est largement présente, mais avec des aliments d’origine animale également, notamment poisson et produits laitiers. Elle sera d’inspiration méditerranéenne. Les excès réguliers de graisses et de sucres raffinés sont déconseillés. Les boissons sucrées et les boissons alcooliques sont à consommer en quantité très limitée. L’activité physique fait partie d’une bonne nutrition."
Que peut-on faire dans le cadre de l’alimentation pour booster son moral l’hiver ? Et à l’arrivée des beaux jours ?
J.M.L. : "On mange gai. On cuisine. On met de la couleur dans les plats et les assiettes. On prend son temps pour manger à table. On savoure, on déguste. On mange de tout. On ne supprime rien. On réintroduit les produits laitiers et les yaourts si on les a exclus, on augmente la part végétale si elle est trop faible. On pense au poisson y compris en conserve. On varie cru et cuit, on privilégie les fruits comme dessert. On fait la fête de temps en temps. On cherche le soleil pour faire le plein de vitamine D, si nécessaire on demande une supplémentation à son médecin."