M.A.A.A.F naît d’une volonté à toute épreuve

Une gestation de 3 ans

Tout commence avec une ambition claire : défendre la cause des artisans en trouvant une solution pour réduire la pression économique générée par les coûts de leur assurance automobile. Et pour cause, dans les années 50, le véhicule s’impose très vite comme  un outil d’entreprise indispensable à chaque artisan. 

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Jean Trioullier, tailleur niortais et président de la Chambre de Métiers des Deux-Sèvres, évoque pour la première fois en 1948 le projet de créer une mutuelle d’assurance du risque automobile des artisans lors d’une réunion du Secteur Ouest des Chambres de Métiers qui se tient à Angoulême. Le projet est adopté à l’unanimité par les 19 chambres qui votent la poursuite de l’étude entreprise par la Chambre de Métiers des Deux-Sèvres et la constitution d’une commission d’étude.

President-fondateur-jean-trioullier-MAAF-1950.jpg1949. Sur le quai de la Gare d’Austerlitz se retrouvent Jean Trioullier, Roger Noël, et Raymond Cirot, tous trois présidents de Chambres de Métiers. Ils sont montés à Paris pour défendre la cause des artisans auprès des dirigeants de l’assurance nationale. Il ne s’agit pas d’une première… Ces rencontres sont encore une fois un échec. 

Si les Chambres de Métiers ont pris conscience de l’importance de l’assurance automobile pour les artisans, les assureurs traditionnels, quant à eux, ne perçoivent pas l’intérêt de créer des tarifs de groupes ou des contrats spécifiques à une catégorie socioprofessionnelle. De ces fins de non-recevoir naît la volonté de tracer son propre chemin. La Mutuelle Assurance Automobile Artisanale de France, MAAAF prend corps.

Il faudra encore 3 ans pour voter la création de la mutuelle, qu’elle soit légalement constituée, rassembler les fonds, tenir la première assemblée générale constitutive et recevoir l’agrément de l’état signé, le 2 nov. 1951.  Le 3 décembre 1951, Monsieur Robinault, de Vouillé dans les Deux-Sèvres, signe le premier contrat automobile, la MAAF était née.

« Au commencement, l’aventure M.A.A.A.F. comptait trois « A ». Selon vous, lequel fut abandonné en 1961 ?
Assurance
Automobile
Artisanale

On vous garde cette petite histoire pour la décennie suivante… N’allons pas plus vite que la MAAAF ! 

Fondée par et pour les artisans 

Le conseil d’administration est exclusivement constitué d’artisans. Ils sont chauffagiste, mécanicien, peintre en voitures, sabotier, électricien, couvreur plombier, horloger, sellier-garnisseur, bijoutier, charpentier, expert-comptable… et ce sont les pionniers de l’aventure MAAAF. Ce n’est pas un hasard ni une anecdote, la mutuelle est gérée par des artisans qui travaillent pour des artisans souhaitant assurer leur véhicule professionnel, dans un esprit de mutualisation et d’économie. 

À la tête du conseil d’administration, le président-directeur est Jean Trioullier. Deux vice-présidents l’accompagnent : Charles Séguineaud, réparateur de machines agricoles et président de la Chambre des Métiers de Seine-et-Oise et Robert Canonville, menuisier et président de la Chambre des Métiers de la Gironde. 

Charles Seguineaud   Charles-Seguineaud-MAAF-1950-futur-president.jpg  Robert-Canonville-MAAAF.jpg  Robert Canonville

La MAAAF naît et grandit à Niort 

Le premier siège social qu’on appelle « La petite Maison » s’installe au 83 rue de la Gare, dès 1951. L’activité en rapide croissance nécessite un transfert du siège social dans un nouvel immeuble, plus grand, avenue de Paris & rue de Strasbourg dès 1953. En 1954, on construit un immeuble supplémentaire attenant pour se sentir moins à l’étroit. Les premiers sièges sociaux de la MAAAF sont décrits comme des foyers chaleureux où tout sociétaire est le bienvenu, qu’il soit de passage ou résident dans la région.  
Si le siège se trouve à Niort, la MAAAF dispose néanmoins très tôt d’un réseau de correspondants départementaux qui sont des points de contact précieux pour faire le lien entre le siège et les sociétaires loin de Niort. 

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M.A.A.A.F, un projet fédérateur et collectif 

Succès et croissance encourageante  

La MAAAF séduit et rencontre son public rapidement, dès les cinq premières années de son existence. Suite au premier contrat signé par Monsieur Robinault, le 3 décembre ​​​1951, 185 contrats sont souscrits spontanément dès le 31 décembre ! 

1952 : 1ère année de plein exercice, 7 153 contrats souscrits pour 44 millions de francs de cotisations.

1953 : 14 000 sociétaires, la MAAAF n’a de cesse de répéter : « La force de la M.A.A.A.F. c’est le nombre d’artisans automobilistes ». La recommandation d’artisan à artisan reste le meilleur moyen de recruter de nouveaux sociétaires. 

1955 : 20 000 sociétaires artisans partout en France ont rejoint l’aventure MAAAF. 

1960 : moins de 10 ans après la création de la MAAAF, ils sont déjà 100 000 sociétaires.
 

Plus simple, plus de garanties 

Le sentiment mutualiste n’est pas qu’un mirage. Dès le départ, les assemblées générales permettent de recueillir les besoins des sociétaires et d’adapter les polices d’assurance MAAAF. C’est un projet collectif qui doit répondre avec pragmatisme aux réalités de la vie d’artisan. On en veut pour preuve les garanties de 1954, amendées suite à l’assemblée générale de 1953 : les ajustements consisteront en l’extension gratuite de certaines garanties automobiles et s’accompagne d’une refonte intégrale des textes pour les rendre plus accessibles. La proximité et la simplicité ont fait un long chemin : aujourd’hui, ces valeurs restent inscrites dans l’identité de la MAAF

Une grande famille d’artisans assurés MAAAF 

Depuis ses premiers contrats, l’insigne MAAAF est un véritable signe de ralliement. Il est apposé sur tous les pare-brises des véhicules assurés par la mutuelle, sous forme d’autocollant. Dès 1956, la version plus durable en métal chromé est disponible pour ceux qui le souhaitent, pour la somme de 300 francs !

L’objectif est le suivant : « pouvoir se reconnaître et faire connaissance entre nous, artisans. C’est aussi peut-être, plus volontiers que nous serons prêts à renseigner l’automobiliste qui nous demandera son chemin, à aider l’automobiliste en panne, ou à secourir l’un d’eux au cours d’un accident, si celui-ci arbore le même insigne que nous ».

Logo archives MAAAF

Créer et garder le contact avec les sociétaires M.A.A.A.F 

"Contact" : une correspondance avec les sociétaires MAAAF

Dès 1953, la MAAAF crée un bulletin de 4 pages, en noir et blanc, envoyé à tous les sociétaires. C’est un outil d’échange et de correspondance entre le siège social et ses assurés. La responsabilité de chacun est engagée : « mieux connaître et apprécier la Mutuelle Assurance Automobile Artisanale de France. Il vous dira ce qu’elle est, ce qu’elle fait, ce qu’elle fera […] La M.A.A.A.F n’est pas une assurance comme les autres, c’est UNE MUTUELLE, c’est VOTRE MUTUELLE. Vous devez la connaître. Pour cela, lisez ce bulletin. »

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Organisation MAAF administratif 1950 archive


Ce bulletin remplit pleinement sa mission dès les premières années de sa création, c’est une façon de garder le lien, de rendre les échanges possibles, et de partager avec l’ensemble de la famille d’artisans MAAAF les évolutions de la mutuelle, la prise en charge de nouveaux risques, les difficultés comme les succès, en toute transparence. 

C’est aussi l’occasion de faire de la pédagogie, notamment sur les bonnes pratiques administratives à adopter et la façon de communiquer avec le siège. 

Passer la bonne parole 

On retrouve au fil des bulletins Contact de truculentes saynètes qui encouragent tous les sociétaires à recruter d’autres artisans pour grandir les rangs de la MAAAF. Ces mises en scène n’ont rien à envier à nos modernes scripts de spots publicitaires ! 

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La prévention : un enjeu de taille pour la M.A.A.A.F.

Le risque automobile dans les années 50 

Les années 50 sont florissantes en France, mais elles viennent avec leurs lots de défis. MAAAF n’y échappe pas et fait face à une épineuse équation dont elle informe ses sociétaires dans le bulletin Contact datant de janvier 1956.  

En 1954, la MAAAF compte 30,5 sinistres pour 100 assurés, lorsqu’elle ne comptait que 22,5 sinistres pour 100 assurés en 1952. Le rapport entre le montant des cotisations encaissées et le coût des sinistres augmente. 

A quoi est-ce dû ? En France la circulation s’est intensifiée rapidement. À titre d’exemple, en un an, entre 1953 et 1954 : on relève +11 % de nouvelles voitures mises en circulation, +25 % pour les deux-roues. Or les infrastructures routières ne se développent pas au rythme du parc automobile français ; les routes sont en mauvais état ; les automobilistes sont de plus en plus jeunes… De ces facteurs additionnés résultent la hausse des fréquences et la gravité des accidents de la route. 

En parallèle, les juges sont de plus en plus favorables à l’indemnisation des victimes par les assurances, mais le coût de la main d’œuvre s’envole et les réparations sont de plus en plus coûteuses. 

La charge des sinistres s’alourdit pour la MAAAF, ne laissant temporairement qu’une solution : augmenter le prix des cotisations en 1956 pour ne pas mettre en péril le modèle mutualiste. 

Sensibiliser les automobilistes, sauver des vies,
réduire la fréquence des accidents

Le risque automobile est un enjeu de taille et de long terme. L’augmentation des cotisations n’est pas le seul levier à enclencher pour la M.A.A.A.F. 

Pour sensibiliser et accompagner les automobilistes sociétaires, "Contact" consacre dès les années 50 quelques colonnes de son bulletin à la prévention routière. Comment se comporter sur la route ? Quelles sont les conduites à risques ? Chaque sociétaire est encouragé à prendre ses responsabilités et à adopter une conduite prudente et responsable.